top of page

🎙️VOICES #2 Naoko Nagisa — Quand la cuisine crée du lien et donne sens à la vie

La cuisine n’est pas qu’un savoir-faire . C’est une force silencieuse.


À Aomori, au nord du Japon, Naoko Nagisa nourrit cette force depuis près de vingt ans à travers deux piliers : la nourriture et le lien humain.

Elle crée des espaces chaleureux, résilients, où chacun peut simplement se sentir à sa place.


ree

L’année prochaine marquera les 20 ans de son aventure entrepreneuriale.

Spécialiste de l’éducation alimentaire, conseillère en prévention des catastrophes, et bâtisseuse de lieux où l’on peut exister sans masque, elle revient toujours au même axe :la nourriture comme énergie de vie, la communauté comme filet de soutien.


Tout cela en élevant une fille de 23 ans et un garçon de 9 ans, tout en traversant séismes, pandémies et les lentes mutations de la société japonaise.


À travers chaque changement, une question est restée :

Comment préserver l’art simple de bien vivre ?


Le moment qui a tout changé

Pour Naoko, le basculement a eu lieu lors du séisme de 2011.

« Les gens avaient du riz et de l’eau… mais ne savaient pas les cuisiner. »

Face à cette scène, elle comprend que cuisiner n’est pas un loisir :c’est survivre.


Depuis, elle enseigne tout : du riz en cocotte aux techniques de “rolling stock” avec aliments secs et conserves. La préparation, non pas comme peur, mais comme rituel du quotidien.


Et pourtant, elle sourit en avouant :

« Je n’ai jamais été douée en cuisine. Ma maladresse m’aide à comprendre ceux qui galèrent. »

Dans ses classes, elle enseigne à hauteur d’yeux, depuis le même point de départ.

Elle sait parfaitement où les gens trébuchent et comment les aider à passer ce moment où l’envie d’abandonner surgit.


Nourriture, cœur, et les fils invisibles entre les gens

À un peu plus de vingt ans, Naoko travaille dans une maison de retraite ; une expérience qui change sa vision de “manger”.


Elle réalise que peu de gens peuvent vraiment manger ce qu’ils veulent, par leur propre force.


Certains résidents recevaient régulièrement de la visite ; d’autres n’attendaient personne.


C’est là qu’elle comprend :

La nourriture n’est pas que nutrition.C’est la dignité.

C’est un lien.

C’est une forme d’amour qui n’a pas besoin de mots.


Son histoire personnelle l’a façonnée aussi :Adolescente, son père tombe malade. Sa mère, sans permis et sans expérience professionnelle, a dû faire face à de nombreuses difficultés.


Naoko grandit sans modèle de “femme active”.

Ce n’est qu’à la fin de la vingtaine qu’elle entend une petite voix :

« Ce monde-là ne peut pas être le mien. »

Elle décide alors d’ouvrir son propre chemin.


Une cuisine communautaire, une cantine pour enfants, et un lieu pour tous

Pendant la pandémie, Naoko ferme son premier établissement…pour mieux rouvrir ensuite un café, un studio culinaire et une maison d’hôtes.


Aujourd’hui, elle construit ce qu’elle appelle “la table à manger du quartier” :

un espace qui soit à la fois cantine communautaire et cafétéria pour enfants.


Ses missions bénévoles à Noto ont renforcé un rêve :

Un lieu qui soit un hub de quartier les jours ordinaires, et un refuge d’urgence lorsque la vie vacille.

Aomori mérite cela, dit-elle et elle est en train de le bâtir.


Et pour la suite ? Elle ne force rien.

La philosophie de Naoko, elle, reste simple et limpide. :


Faire ce que l’on veut vraiment — même si ça coûte un peu de sommeil.

Ne pas faire ce que l’on ne veut pas faire.

Mais le sommeil et l’onsen, eux, sont non négociables.

« Je ne planifie pas mon futur avec des deadlines. Je veux juste créer ce qui me semble juste, ce qui a l’air amusant. »

Naoko aime Aomori, mais pourrait être elle-même n’importe où. Cette douceur, cette souplesse, donnent à son “second chapter” une légèreté presque aérienne.

Son histoire nous rappelle :


Quand ce petit “j’ai envie de faire ça” apparaît ;tranquille, honnête —le futur commence déjà à bouger.


Et chez Naoko, on sent ce courage-là.

Une détermination calme, stable, qui ne vient pas de l’ambition, mais du choix de vivre pleinement .

Un repas, une conversation, un lien à la fois.

 
 
 

Commentaires


bottom of page